Interview de Zaki Chairi, animateur radio et membre d’EmBeM
Interview avec Zaki Chairi, animateur radio, jeune activiste et membre de Empowering Belgian Muslims.
Publiée il y a un mois, la vidéo de Zaki Chairi remet en cause l’atmosphère palpable qui règne dans la société européenne. L’auteur déconstruit avec humour les directives prises par le gouvernement français pour lutter contre la radicalisation. Rencontre.
Bonjour, Zaki Chairi, pourriez-vous vous présenter ?
Bonjour, je suis citoyen belge de confession musulmane et enseignant de formation. Aujourd’hui, je suis animateur radio à Arabel et responsable du département jeune dans la même structure.
Dans une de vos vidéos, vous remettez en cause avec humour la campagne française mise en place par le gouvernement afin de lutter contre la radicalisation…
Cettedite campagne était censée détecter des personnes en voie de radicalisation. Le gouvernement français a mis en ligne une affiche indiquant certains signes perceptibles de radicalisation. Le fait de ne plus écouter de musique, de ne plus aller à la salle de sport ou de changer de régime alimentaire sont, à en croire cette affiche, des indicateurs de radicalisation. Je trouve cela stupide. En ce qui me concerne, j’ai tenté de pousser l’idiotie jusqu’au bout et, par ce biais, faire prendre conscience du caractère discriminant et inintelligent de cette représentation. Dans la vidéo, j’ai voulu mettre en scène un centre de déradicalisation. Par exemple, on avait un atelier musique dans lequel on forçait les jeunes à écouter Justin Bieber. Un autre atelier où on leur apprenait ce qu’est la liberté d’expression. C’était une manière de mettre en lumière l’absurdité de leur initiative, par l’absurde.
Comment a été accueillie votre vidéo ?
Elle a été très bien reçue. Ça rassure de voir que les gens trouvent ça ridicule. Avec ce podcast, je voulais provoquer un éveil intellectuel au sein des internautes. J’essaie de faire du divertissement utile. Toutefois, après le rire, la sphère politique doit prendre ses responsabilités.
On parle de psychose en France, est-ce que vous ressentez cette même crispation au sein de la société belge ?
On sent qu’il y a une influence des débats français. Un climat de suspicion plane autour de la communauté musulmane. On demande systématiquement aux musulmans de se désolidariser des tragédies qui se déroulent dans le monde. À croire que les musulmans ont déjà manifesté de la solidarité vis-à-vis du terrorisme. C’est incroyable.
Quelle est la position des citoyens ?
Ils ne sont pas les vecteurs de cette islamophobie, ils subissent celle-ci. Les médias, pour vendre leur produit, en font de trop et la classe politique porte une responsabilité par rapport à cette problématique. Ce sont les politiques qui imposent leur agenda et leurs thématiques. Ils nous bernent avec de faux débats en prétendant que l’islam et l’immigration sont des problèmes majeurs. Or, ce qui préoccupe le citoyen, c’est l’éducation, l’emploi ou la discrimination.
Vous êtes également membre de Empowering Belgian Muslim, quels sont vos objectifs ?
L’objectif principal est d’élever la qualité de vie de la communauté musulmane et, parallèlement, de toute la société par le biais du vivre ensemble. Il y a 3 aspects : le networking, le training et l’advocacy. On a la volonté de créer un discours cohérent émanant du tissu associatif. On travaille avec différentes associations afin de créer un réseau et fournir une meilleure qualité de travail.
